Publié une première fois en e-book, en juin 2013, cet essai romancé, dont la première phrase fait le titre, s’ouvre, en quelque sorte dans la continuité de L’étranger, sur l’exécution en public de Meursault, place Barberousse. Parmi la foule de curieux, un homme, portant trench-coat et feutre noir. Après l’exécution, alors qu’il s’apprête à quitter les lieux, il remarque la présence d’un étrange personnage, juché sur un étal de marchand de quatre saisons. Ses gestes de bateleur, ses mèches folles lui rappellent un jeune Arabe qu’il croise parfois dans son quartier de Belcourt. Intrigué, il n’hésite pas à l’aborder. Tout en allumant une cigarette, il lui demande si, lui aussi, il était venu pour que Meursault se sentît moins seul, selon sa dernière volonté. Le jeune homme, sur un clin d’œil de connivence, lui répond : « Vous connaissez le proverbe arabe qui dit : « Le menteur, accompagne-le jusqu’au seuil de sa porte » ? C’est ce que j’ai voulu faire. Alors, je vous le dis, à vous précisément : Meursault n’a pas tué un Arabe sans nom et sans visage, il a tué mon père, Monsieur Albert ! (L’homme au chapeau se fige, la cigarette coincée entre les dents).
Monsieur Albert et le « fils de l’Arabe » ne se quitteront plus. Comme Clamence, dans La chute, dialogue avec son interlocuteur imaginaire, en déambulant dans Amsterdam, notre bateleur dialogue avec Camus (qui n’est jamais appelé par son nom) en déambulant dans Alger… Tout au long de leurs « échanges », le lecteur les suit à travers la ville comme à travers l’œuvre d’Albert Camus, disséquée pour les besoins de l’histoire.
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